Qu’elle est l’interprétation du mot « concurrence » dans l’expression « concurrence libre et non faussée » ? (détail ici)

Les « supermarchés coopératifs et participatifs » respectent totalement les traités de l’Union Européenne qui ont consacré comme principe intangible l’instauration d’une « concurrence libre et non faussée » entre les entreprises et associations commerciales des pays de l’Union. Mais que recouvre exactement ce terme ?

En instaurant ce principe, l’Union Européenne vise plusieurs objectifs :

  • permettre que des offres multiples puissent s’établir afin de permettre aux « clients » un choix le plus libre possible de ses fournisseurs en fonction des critères de qualité, prix, etc. afin d’obtenir « un juste prix de marché » entre une demande libre et une offre libre.
  • favoriser l’innovation et la créativité en créant les conditions pour que les « nouveaux entrants » ne soient pas bloqués par la présence d’offres établies éventuellement sclérosantes.
  • reconnaître qu’il existe un aspect « social » dans l’économie et favoriser le fait que le maximum de citoyens de l’Union puisse être bénéficiaires de cette liberté d’entreprendre.
  • reconnaître qu’une société ne peut pas être harmonieuse sans une certaine « solidarité » entre ses citoyens.
  • reconnaître, maintenant, qu’il faut d’une manière ou d’une autre, prendre en compte l’impact écologique de l’activité économique d’une entreprise, impact « global / sociétal » sur l’ensemble des citoyens vivants ou à naître et qui se manifeste,
    • soit un « coût pour la collectivité » qui n’apparaît pas en négatif dans leur bilan,
    • soit un « bénéfice pour la collectivité » qui n’apparaît pas en positif dans ce même bilan.

Que ce principe soit légitime / pertinent ou non, que ces objectifs soient effectivement recherchés et atteints ou non, n’est pas débattu ici : il existe un cadre légal et c’est de son respect ou non qu’il s’agit.

La logique financière des acteurs économiques vise à,

  • maximiser le retour sur investissement : les détenteurs de capitaux espèrent que les sommes qu’ils ont immobilisées dans leur entreprise va apporter des dividendes et / ou une augmentation de valeur de leur entreprise (ce qui se traduit par une plus-value lors de la revente de leurs parts sociales).
  • dans ce contexte, la simple recherche de cet objectif pousse « naturellement » les entreprises en recherche de profit,
    • à obtenir un monopole de fait, ou à le partager par entente avec quelques acteurs souhaitant « verrouiller  le marché » et imposer des marges élevées.
    • à s’éviter toutes les réglementations de « Responsabilité Sociale des Entreprises » en reportant sur la collectivité des coûts (sociaux, écologiques, etc.) générés par leurs propres activités.

L’Union Européenne n’est pas la première à identifier que la seule logique financière des acteurs économiques des pays de l’Union ne pouvait pas à elle seule garantir l’atteinte de ses objectifs, d’où la mise en place de mécanismes régulateurs :

  • prévenir les situations « de monopole » qui inhibent ce mécanisme.
  • éviter que des financements publics ne viennent fausser cet équilibre.
  • établir des éléments financiers régulateurs compensatoires des « externalités négatives », terme qui signifie simplement « faire supporter aux collectivités les coûts des désordres sociaux et / ou écologiques des activités des entreprises ».

Les médias mettent en exergue les différents combats des « géants économiques » (souvent trans-nationaux) contre ces régulations : amendes phénoménales croisées entre Boeing et Airbus, procès contre les logiciels truqueurs, lourdes condamnations contre les monopoles de fait des « GAFA ».

Mais « les supermarchés coopératifs et participatifs » jouent dans la catégorie des « nains de jardin », pas des « géants » : pour autant, tous ces mécanismes existent à toute petite échelle, d’une commune, d’un territoire, et peuvent biaiser l’objectif de « concurrence libre et non faussée ».